9 juin 2021

Cultiver la joie partagée; 3e demeure divine 5/6

La joie partagée est un sentiment qui s’éveille en nous lorsque nous parvenons à porter un regard empreint d’amour et de bienveillance (en commençant par nous-mêmes, notre famille, nos amis, mais en allant bien au-delà de ces cercles personnels), puis à percevoir ceux qui sont heureux et ont planté de bonnes causes, ou ont même atteint un niveau d’introspection libérateur. Nous nous réjouissons alors de la bonne fortune d’autrui et, plus particulièrement, éprouvons de la joie envers ceux qui ont atteint l'éveil. Ainsi surmontons-nous tout ressentiment, envie et jalousie, et trouvons même inspiration dans ce que certains ont pu accomplir.

Alors que le Sutra du Lotu s est réputé pour sa dimension compassionnelle, il devrait l’être également pour le sentiment de joie que les disciples du Bouddha éprouvèrent indubitablement lorsqu'ils l’entendirent enseigner. Ainsi au chapitre III, après avoir entendu l'enseignement du Véhicule Unique , Shariputra dit au Bouddha :

« En entendant ta voix honnête
qui dit la vérité, j'ai envie de danser de joie » (note).

Puis, au chapitre IV, parlant en son nom et au nom de trois grands autres disciples du Bouddha, Mahakashyapa dit ceci au Bouddha : « En entendant  l’enseignement que tu donnas aujourd'hui, nous dansons de joie. Nous n'avions jamais éprouvé une telle joie auparavant. » (note) À première vue, l’on pourrait penser que la joie exprimée par les disciples n'était pas une joie partagée [mudita] : se réjouissant des paroles du Bouddha qui leur avait prédit qu’ils atteindraient la bouddhéité, ils se réjouissaient donc de leur propre bonne fortune. Mais, à un niveau plus profond, comme ces disciples en tant qu'arhats avaient déjà atteint la libération pour eux-mêmes, ils n'avaient plus rien à perdre ou à gagner à leur avantage. Cependant, sentant que la bouddhéité n’était plus à leur portée, ils ne pouvaient plus être d’un grand secours. Or, lorsque le Bouddha leur enseigna le Véhicule Unique et leur prédit qu'ils atteindraient la bouddhéité, ces disciples purent eux aussi enfin aspirer à aider tous les êtres sensibles à atteindre la bouddhéité. Leur joie était donc, en réalité, très altruiste

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